Les pêcheurs de Nosy be
Ils sont Malgaches, souvent jeunes, et partent tous les jours sur le canal du Mozambique pour assurer leur subsistance. Ils naviguent sur des pirogues artisanales, souvent équipées d'un balancier. Mues à la pagaie ou à la voile, elles sont faites d'un seul tronc d'arbre creusé et donnent un sentiment de vulnérabilité. Pourtant, les pêcheurs malgaches ne savent pas nager. Que la pirogue se retourne et beaucoup ne reviennent pas.
Ainsi, dans le village de Madikorely, nous nous régalions du départ et du retour des pêcheurs avec ce sentiment d’impunité qui sied à tout « vazah » jamais en manque d’authenticité et d’exotisme. Sous notre regard, ils se croisaient et se recroisaient tous les jours, sur la plage : comme un rituel ancré dans la culture locale. De fait, sachant qu’un espadon se vend 20.000 ariarys (près de 7 euros), les pêcheurs multipliaient les sorties - leurs vies dépendant essentiellement de la pêche côtière. A chaque retour, il fallait remonter la pirogue sur le sable, trier le produit de la pêche, répartir ce qui revenait au mareyeur et à la communauté. L’activité était immense, les images colorées. Pourquoi nous en serions-nous privées ? Les poissons pêchés, pour la plupart, nous étaient inconnus (à vrai dire, nous n’en avions jamais vus) : barracuda, capitaine, carangue, carpe rouge, espadon voilier, mérou, poisson-perroquet, requin… Ils évoluaient dans les récifs coralliens, susceptibles d’être pêchés à la ligne ou recherchés au leurre de surface. Ils pouvaient se montrer très combatifs – la première touche puissante et le rush impressionnant (même pour les plus juvéniles). Aux pêcheurs de se montrer les plus forts.